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Patrick Santilli

Savoir choisir

Le pouvoir insoupçonné des décisions

A chaque instant, nous décidons. En ce moment, par exemple, tu décides de la manière dont tu te tiens, tu décides de l’attention que tu portes à cet article, tu décides de prendre quelques notes pour y revenir plus tard ou non, tu décides de stopper ici la lecture de l’article…

…Ou pas ! Il est impossible de ne pas prendre de décisions. La personne qui dirait : “Je préfère ne pas prendre de décision pour l’instant”… vient de prendre cette décision !

Hercule doit choisir entre le Vice et la Vertu dans ce tableau d’Annibale Carracci

Oui, nous sommes une véritable machine à décider, que nous en ayons conscience ou non. Toutefois, autant en avoir conscience, car chacune de nos décisions a des conséquences. Notre vie est essentiellement constituée de la somme de nos choix.

Nous savons tous que Rome ne s’est pas construite en un jour, mais il est rarement souligné que Rome ne s’est pas effondrée en un jour non plus. Son déclin, tout comme son succès à une période donnée est issu d’un cumul de petites décisions dont l’impact individuel a été majeur, pour le meilleur ou pour le pire. La prise de décision est un thème qui a passionné philosophes, artistes, écrivains puis psychologues et neurologues à travers les siècles

Hamlet, joué par Sarah Bernhard en 1899, délibère quant à la décision de tuer Claudius

Pourquoi est-ce important de conscientiser la prise de décision et de décider souvent ?

Pour se sentir en contrôle et cultiver une bonne estime de soi

Une décision n’est bonne que lorsqu’elle est prise

Repousser la prise de décision revient à décider de ne pas agir, à renoncer à s’engager. Ne pas s’engager, c’est laisser les circonstances ou notre entourage décider pour nous. Cette attitude va à l’encontre de la responsabilisation personnelle. Le verbe « décider » a un équivalent pronominal « se décider », qui rappelle judicieusement que la décision est avant tout un processus personnel, comme le souligne Jean-Michel Heitz . Pour se sentir en contrôle sur sa vie, et prendre conscience de son pouvoir d’action, pour éviter de se positionner en victime face aux évènements, mieux vaut s’engager, quitte à se tromper, que de décider de ne pas agir. Pour l’expliquer en termes empruntés à la philosophie, décider c’est échapper au déterminisme et affirmer son libre arbitre.

Des attitudes comme celle qui consiste à « attendre le bon moment » sont totalement contre-productives. Face à ces décisions complexes, on peut avoir tendance à vouloir prendre « la bonne décision » alors qu’il n’y en a pas de naturellement « bonne ». Si tu as du mal à évaluer si une décision est bonne, jette un œil sur les motifs qui te poussent à la prendre. Le fais-je parce que « j’ai envie/pas envie » ou parce que « cela va me permettre d’atteindre un de mes objectifs dont je désire intimement la réalisation » ? Une décision est d’autant meilleure qu’elle n’est pas dirigée par tes états d’âme mais par une rigueur constante, une discipline dans la marche vers ta propre réalisation personnelle. Et s’il est impossible de diagnostiquer la qualité d’une décision, il faut parfois juste avoir le courage de la prendre pour se rendre compte de son impact, qu’il soit positif ou négatif. Donc plutôt que d’attendre de voir, ou de vouloir « dormir sur » une possibilité, tente donc de t’asseoir sur tes excuses…

En décidant et s’engageant, on se prouve que l’on a la main sur les évènements, on adopte une attitude du « Yes I can », bien plus fructueuse qu’une délibération extensive en termes de confiance en soi et d’estime de soi.

Lorsqu’il s’agit de se lancer dans une aventure de vie, la plupart des gens passent par une première phase où ils se disent que c’est trop tôt. Puis arrive la seconde phase où ils se disent… que c’est trop tard !

Assume tes rêves ou assume tes regrets !

Parce qu’une décision consciente va plus volontiers dans le sens de l’action

Ne pas conscientiser la prise de décision, c’est bien souvent rester dans un état de latence quant à un projet. Quelqu’un qui serait insatisfait dans son travail peut très bien le rester à très long terme sans rien changer à sa situation car il ne prend pas conscience de l’urgence. Tant que tu ne décides pas de changer de job, tu ne risques pas de te lancer dans des recherches qui te le permettront.

Certaines décisions sont difficiles à prendre, de par le fait qu’elles nous poussent à renoncer à l’une des options disponibles. Dans tous les cas, passer trop de temps sur l’analyse du coup d’opportunité (soit peser si cela vaut le coup de perdre l’option que nous allons laisser passer) c’est renoncer à toutes les options. Eh bien oui : si plusieurs portes te sont ouvertes, tant que toutes les portes sont encore dans ton champ de vision, c’est que tu n’en as franchi aucune. Écarter une (des) option(s) est nécessaire à la prise de décision. Ce paramètre est d’ailleurs présent dans l’étymologie même du mot : le mot « décision » vient du latin decidere, qui veut dire « trancher », mot lui-même issu de caedere, couper : il te faut donc couper l’éventail de tes possibilités et en choisir un fragment.

Remplace tes intentions par des décisions!

La prise de décision permet de passer de l’insatisfaction au challenge, de l’idée au projet. En décidant, le « yes I can », que l’on évoquait plus haut, vient renforcer un processus de « yes I do » et inversement. Plus tu entreprendras, plus tu seras conscient de ton pouvoir d’action. Et plus tu en seras conscient, plus tu entreprendras: tu nourriras ainsi l’activation d’un cercle vertueux de progression et laisseras à Descartes la fameuse maxime du « je pense donc je suis » pour la remplacer par une affirmation plus dynamique : « je décide, donc je fais. »

Parce qu’elle permet de cultiver un terrain favorable à la mise en place d’une stratégie et de sa réalisation

Reprenons l’exemple de notre travailleur insatisfait. Si cette personne venait à conscientiser la nécessité d’une prise de décision, et faisait le choix conscient de rester dans ce travail encore quelques mois, afin de se lancer dans une reconversion dans un moment plus propice, cette décision de non-action immédiate engendrerait une action peut-être moins tangible mais non des moindres : la planification stratégique de ladite reconversion. Décider c’est s’engager psychologiquement et dans les faits, mais aussi dans la planification.

Au quotidien, dans la construction de notre santé psychologique et dans la réalisation de nos projets, toutes les petites décisions sont déterminantes :

Je me lève ou je reste au lit ? Je prends soin de ma santé ou « ce n’est qu’une cigarette » ? Je vais courir ou j’allume la télévision ? McDo ou légumes ?

Décider de rythmer ses journées et décider comment les remplir, c’est décider d’entretenir ou non une bonne hygiène de vie, de planter ou non les graines de ce que je veux récolter.

« Je ne suis pas doué.e dans ce domaine », ou bien « je me laisse une chance de débuter et progresser » ?

Se trouver des excuses pour ne pas commencer un projet, c’est décider de renoncer à un rêve. Combien de fois encore vas-tu accepter de renoncer ?

Je parle aux autres de « ma journée de merde » ou bien je pense à « quelle chance j’ai ! » ?

Eh oui ! Les décisions que nous faisons touchent également notre vocabulaire… Quand quelque chose est difficile, je peux décider si je regarde du côté de mes « blessures » et « traumas » ou bien si je liste mes perspectives d’avenir. Cette décision consciente d’axer son mindset vers un état d’esprit de l’appréciation, de l’enthousiasme et de la gratitude est INDISPENSABLE au développement d’une belle énergie.

Je corrige ces pensées dévalorisantes qui reviennent ou bien « elles ont sûrement raison » ?

Le soin porté à la santé mentale et la sérénité psychologique est à décider également. Rien ne nous oblige à croire ces pensées qui surgissent automatiquement d’un de nos organes graisseux (oui oui, je parle bien du cerveau humain). Face à des émotions désagréables, des pensées envahissantes, une situation inquiétante, je suis 100% responsable de ma gestion. Rester passif face à ces éléments, c’est se laisser doucement sombrer vers de moins en moins d’énergie pour régler la situation. Alors, face à mon développement personnel, je décide : je participe à ce séminaire qui m’aidera à gérer mes états émotionnels ou je préfère dépenser mon argent ailleurs ? Je réfléchis à ma philosophie ou j’ai autre chose à faire ? Je contacte cette personne qui m’inspire ou je me laisse happer par mon quotidien ?

Frustré.e d’un échec, je suis une victime ou un opportuniste ?

Stephen R. Covey affirme « je ne suis pas un produit de mes circonstances. Je suis un produit de mes décisions. » Alors quand un évènement peu favorable à mes plans survient, je choisis comment je réagis.

Je décide de m’investir avec mon/ma partenaire, mes enfants, mes proches ou bien « j’ai eu une longue journée » ?

Les décisions influent positivement sur le mieux-être pour soi et pour la vie de couple. Pour la vie de famille et pour les relations sociales. Décider, chaque matin, chaque soir, de nourrir la flamme d’une relation se fait activement et consciemment. Tu souhaites évoluer dans un milieu épanoui, avec des gens heureux et des relations nourrissantes ? Alors que décides-tu de mettre en place AUJOURD’HUI pour la réalisation de cet objectif ?

Je mets un terme à cette relation ou je laisse aller ?

Cela est également vrai dans l’autre sens. Si je ne me sens pas enthousiasmé.e par le fait de cultiver de bonnes relations avec certains individus, peut-être est-il temps de faire le tri dans mon cercle social. Que ce soit dans le contexte amoureux, social ou amical, nous choisissons les personnes que nous tolérons dans notre cercle proche. Tony Robbins affirme : « In life, you get what you tolerate ». Et tolérer des comportements décourageants, malsains ou peu stimulants, c’est décider de perdre de l’énergie. Que décides-tu ?

Je développe une vision à long terme ou le court terme me va ?

Pour s’assurer la longévité sur le long terme, tant en termes de développement personnel qu’en terme de développement de projets (et les deux sont interdépendants), il est nécessaire de prendre conscience de son train de vie. Ainsi, les décisions suivantes sont à bien examiner : je planifie avec rigueur mes finances ou on verra bien ? J’assure mes arrières ou je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver ?

Tant en ce qui concerne le domaine financier que le développement de projets, je dis souvent à mes clients : « vis ta vie comme si tu devais mourir demain, mais planifie-la comme si tu allais vivre 1000 ans. »

Pour résumer…

La réussite comme l’échec sont généralement le résultat d’un lent processus, basé essentiellement sur nos décisions. Ma recommandation est donc d’être très vigilent quant à la qualité de nos décisions. Il n’est pas rare que j’entende : « Oui, mais parfois ce n’est pas évident de savoir quoi décider ». Je te propose alors la réflexion suivante : sois bien au clair avec ce que tu veux récolter dans ta vie et cela clarifiera ce que tu dois semer. Puis tu verras : il y a des décisions, quand on les prend, enfin on respire !

Références:

Heitz, Jean-Michel. « La décision : ses fondements et ses manifestations », RIMHE : Revue Interdisciplinaire Management, Homme &Entreprise, vol. 5,2, no. 1, 2013, pp. 106-117.

4 commentaires

  1. jjlaclass sur 10 août 2022 à 12h14

    Top ! 🙂

    • Cloé Bensaï sur 18 août 2022 à 15h29

      Merci JJ !

  2. Leslie sur 28 février 2023 à 16h46

    Excellent !
    « Sois bien au clair avec ce que tu veux récolter dans ta vie et cela clarifiera ce que tu dois semer. »

    • Cloé Bensaï sur 2 mars 2023 à 7h52

      Exactement! Merci pour le commentaire 🙂

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